Intentions & façons de faire

Je travaille la terre, je la sculpte, je la modèle avec l’intention de trans­poser un état de méditation dans la matière de l’argile.
Une intention précise et un état subtil.
De l’intérieur vers l’extérieur.

À travers mes sculptures, je donne à voir l’aventure du voyage intérieur : son regard, son monde, son explo­ration...
Ça parle d’intériorité.
Une intériorité qui, ensuite, cherche à se partager à l’extérieur.

Je ne cherche pas la ressemblance ou l’illustration.
Je cherche à transcrire un état de présence à soi.

Mes têtes cherchent au plus profond d’elles-mêmes le sens de la Vie.
Les yeux sont souvent fermés, mais c’est pour mieux percevoir ; ces yeux regardent à l’intérieur.
Le sourire est profond et se dessine légèrement.
Ces têtes sont habitées par une conscience témoin élevée qui leur permet de rire des choses de la vie.

Par la méditation je me ressource.
Lorsque je sculpte mes têtes, je me reconnecte avec les plus beaux états ressentis en méditation et je mets cela dans la matière avec l’idée de transmettre ainsi cet état.

Une fois que j’ai posé cette intention, je laisse faire et je découvre les formes qui sortent par mes mains,
Je regarde et j’accompagne ce qui apparaît.
Je suis souvent surprise, car cela dévoile des pans inconscients de mon être.
Parfois je suis en résistance car cela ne correspond pas forcément à ce que je voulais faire,
Et puis nous nous apprivoisons, mes sculptures et moi.

Pascale Razavet

Démarche & réflexions

Ce qui m’habite, ce qui m’anime, c’est la quête du sens, la compré­hension du mystère de la vie, l’expérience de la sensualité, de la beauté, de la liberté, de l’amour.

Dans ma démarche artistique, je veux partager quelque chose d’uni­versel et d’élevant.
Quelque chose d’ordre méta­phy­sique, sur l’infinie grandeur et beauté que nous portons en nous, sur l’unité profonde qui nous relie, sur notre humanité et que cela soit ma contribution au monde.

Dans mes premiers travaux de peintures, je voulais montrer toute la douleur que je portais en moi. J’avais un besoin absolument vital de l’exprimer.
Je ne veux plus que l’art serve à cela : à se décharger des souffrances et des pollutions internes ; c’est un travail personnel qui pour moi, n’a pas vocation à être montré.

Ce travail, je l’ai fait à travers la psychanalyse et autres approches théra­peu­tiques et psycho­corpo­relles, par l’étude de la philo­sophie védique et par 30 ans de méditation, par de grandes rencontres, par l’expérience de la vie…
Et j’ai évolué.

Depuis, mon but en tant qu’artiste est d’explorer et de puiser en moi des états de paix, de joie, d’amour, d’unité, des états de conscience qui élèvent et calment l’esprit.
Alors, pour offrir et transmettre cela, je cherche le bon média.

J’ai choisi la matière primordiale, celle à partir de laquelle tout a été créé : la terre, l’argile.

J’ai choisi des têtes, des visages, aux volumes si complexes, parce qu’ils sont les reflets de toute notre humanité, de nos émotions et nos souffrances, tout comme de notre noblesse d’âme et de notre grandeur.

Pascale Razavet, octobre 2018

Les têtes de Razavet

Si les yeux sont les fenêtres de l'âme, les têtes de Pascale Razavet sont des passerelles ouvertes sur la béatitude. Des gués vers une autre réalité.

Chez Razavet, les bouches à l'expres­sion troublante, les pom­mettes, les paupières, les regards... ne sont pas là pour nous séduire mais pour nous arrêter, nous appeler à contempler en nous-même la plus belle dimension, celle de la réalité intérieure. Ce nous de la légèreté, de la fluidité et du bonheur, cet état de veille qui ne s'endort jamais, blotti souvent juste en de ça du monde visible.

Fruits d'une intense recherche formelle issue de la peinture et de la géométrie sacrée, dépouillées de toute stylisation à but décoratif, les têtes de Razavet jaillissent sans préméditation : ici, aucune volonté de montrer un type humain particulier, ni même parfois le genre, homme ou femme, mais seu­le­ment un état.

Chez Razavet, les têtes sont l'expres­sion du lien le plus direct entre l'intuition et les mains.

En domestiquant le bloc d'argile pour qu'il devienne visage dans toutes ses dimensions physiques – largeur, hauteur et surtout pro­fon­deur – sans le réduire à une réalité trop stricte, le sculpteur lui insuffle une puissance charnelle d'où surgit le cadeau de l'extase.

« L'espoir ne doit plus être tourné vers l'avenir mais vers l'invisible. Seul celui qui se penche vers son cœur comme vers un puits profond retrouve la trace perdue. Surtout ne jamais lâcher le fil de la Mer­veille ! » (Christiane Singer)

Les sculptures de Pascale Razavet ne se regardent pas : elles s'offrent et vous regardent.

Jean-Michel Renaudin

Pour une tête posée

Mon âme est comme cette tête qui repose hors de son corps en paix sur un coussin, en paix et apaisée, quelqu’un en a pris soin, en secret ; elle dort comme un chat, n’a rien perdu de sa chaleur et n’a pas besoin de rêver, et ma poitrine vide bat sans craindre de ne plus la revoir. Elle est en vie, je le sais, et m’inspire le rythme fort et doux de la constance. Enfin posée là où la vie demeure – quelqu’un sans doute la chérissait avant moi –.

Lasse comme une méduse à marée basse, totalement offerte, elle se donne pour une symbiose qui n’attend plus son heure. Quelqu’un comme un chat, la trouvant douce, l’a apprivoisée.

En dormant, elle chante une chanson, une complainte. Elle apprend des secrets qu’elle me dira un jour si elle revient. – Peut-être en langue celte ? – Elle respire au loin comme un astre et mysté­rieu­sement (tout comme après la mort), nous ne sommes pas séparées.

Elle n’a besoin de presque rien. Elle demeure et par elle tout ce qui touche à elle et tout ce qui touche à moi demeurent accordés ; tel est le secret de cette paix secrète.

Delphine Backer

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